Conflit autour de la suspension de la production d’uranium : le Niger conteste la décision unilatérale du groupe français Orano
Les autorités nigériennes ont exprimé leur mécontentement face à la décision du groupe nucléaire français Orano de suspendre la production d’uranium au Niger. Ce conflit met en lumière des tensions grandissantes autour de l’exploitation des ressources naturelles du pays, un domaine où les intérêts stratégiques et économiques sont souvent en désaccord.
Dans une note officielle, publiée le 23 octobre 2024, Orano a annoncé la suspension de la production d’uranium sur le site de la Société des mines de l’Aïr (SOMAÏR), situé dans la région d’Arlit, au nord du Niger. Cette décision, qui devrait prendre effet le 31 octobre 2024, a été justifiée par l’impossibilité d’exporter l’uranium en raison de la fermeture des frontières avec le Bénin. Orano a affirmé avoir épuisé toutes les options, y compris des alternatives d’exportation par voie aérienne via la Namibie, qui n’ont pas reçu de réponse des autorités nigériennes.
Cette annonce a suscité une vive réaction de la part des autorités nigériennes, qui estiment ne pas avoir été consultées au préalable, en dépit du statut de coactionnaire de l’État du Niger dans SOMAÏR, aux côtés d’Orano. Selon une note de la direction générale de SOMAÏR, la Société de patrimoine des mines du Niger (SOPAMIN), représentant l’État nigérien, n’a pas été associée à cette décision, ce qui soulève des préoccupations quant au respect des accords de gouvernance et de partenariat entre les parties.
La direction de SOMAÏR a exprimé ses inquiétudes face à cette décision jugée unilatérale et a critiqué le manque de transparence d’Orano. Elle a qualifié la suspension de « sans objet » et a indiqué que « toutes les dispositions sont en train d’être prises » pour permettre la poursuite des opérations d’extraction. La note souligne que cette décision d’Orano va à l’encontre des pratiques de bonne gouvernance qui doivent régir les relations entre partenaires dans des projets de cette ampleur.
Le contexte politique tendu au Niger a amplifié les défis logistiques pour Orano, qui dépend des infrastructures d’exportation pour acheminer l’uranium. Les frontières terrestres fermées avec le Bénin compliquent les possibilités de transport, empêchant ainsi toute exportation. Orano a déploré l’absence de réponse des autorités nigériennes aux propositions visant à trouver des solutions alternatives d’exportation.
En juin 2024, les autorités nigériennes avaient déjà retiré à Orano le permis d’exploitation du gisement d’Imouraren, l’un des plus grands sites d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. Cette décision marquait un tournant important dans les relations entre le Niger et le groupe français, illustrant la volonté du Niger de revoir les conditions d’exploitation de ses ressources stratégiques.
L’uranium représente une ressource essentielle pour l’économie nigérienne, ainsi qu’un enjeu stratégique au niveau international. Le Niger, l’un des principaux producteurs mondiaux d’uranium, cherche à maximiser les retombées économiques de cette ressource pour son développement. Les tensions actuelles pourraient non seulement affecter l’économie nigérienne, mais également remettre en question le rôle des entreprises étrangères dans le secteur minier du pays.
Alors que la SOMAÏR affirme sa détermination à maintenir les opérations d’extraction, une résolution du conflit semble impérative pour garantir la pérennité de l’industrie minière nigérienne. Les autorités nigériennes souhaitent une gestion partagée et transparente, et cette crise pourrait marquer un tournant vers un cadre de coopération plus équilibré, voire redéfinir les termes des partenariats entre le Niger et les groupes étrangers actifs dans le secteur.