Du passé tumultueux à la présidentielle 2025 : Simone Gbagbo en quête de légitimité
L’annonce de la candidature de Simone Ehivet Gbagbo à l’élection présidentielle d’octobre 2025 marque un moment clé dans l’histoire politique ivoirienne. À 75 ans, l’ancienne Première dame, désormais à la tête du Mouvement des Générations Capables (MGC), se positionne comme une figure de renouveau, portant un message de transformation, de modernisation et de souveraineté pour la Côte d’Ivoire.
Simone Gbagbo n’est pas une figure politique ordinaire. Elle a traversé les moments les plus tumultueux de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, d’abord aux côtés de son ex-mari, Laurent Gbagbo, lors des années de crise, puis en tant que protagoniste des luttes pour la réconciliation nationale. Son investiture dans son village natal de Moosou, lors de la première convention du MGC, résonne comme un retour aux racines, un ancrage symbolique dans l’histoire et la culture ivoiriennes.
Son message est ambitieux : une Côte d’Ivoire transformée, une Afrique forte et respectée. En s’adressant directement aux citoyens, elle invite à transcender les épreuves pour rêver et bâtir, positionnant son discours au-delà des promesses électorales traditionnelles.
La candidature de Simone Gbagbo intervient dans un contexte marqué par une réconciliation nationale encore inachevée. Condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, puis amnistiée en 2018, elle incarne une figure controversée mais essentielle dans le paysage politique ivoirien. Ce passé judiciaire, associé à son divorce officiel de Laurent Gbagbo en 2023, montre une volonté de se détacher de l’ombre de son ancien époux et de se réinventer politiquement.
Cependant, cette candidature pose la question de la mémoire collective. Pour certains, elle est une opportunité de tourner la page et de construire une nouvelle histoire. Pour d’autres, elle soulève des interrogations sur la responsabilité des acteurs politiques dans les crises passées.
Le projet de Simone Gbagbo pour une Côte d’Ivoire modernisée et prospère s’inscrit dans une vision plus large d’une Afrique décomplexée et forte. Ce discours de souveraineté, dans un contexte global marqué par des défis économiques et géopolitiques, pourrait séduire une partie de l’électorat en quête d’un leadership affirmé.
Toutefois, la concrétisation de cette vision nécessite des propositions claires et des alliances stratégiques. Le MGC, encore jeune, devra démontrer sa capacité à mobiliser au-delà de ses bases traditionnelles pour s’imposer face à des partis établis comme le RHDP d’Alassane Ouattara ou le PPA-CI de Laurent Gbagbo.